Un singulier travail d’orfèvre
Le 15 mai 2020, le contrebassiste et compositeur Gabriel Midon présente « Imaginary Stories », un opus singulier où coexistent musique et poésie. Autour du leader, un groupe de jazz à géométrie variable et un quatuor à cordes dont les subtiles interventions élargissent la palette sonore de l’opus. Un véritable travail d’orfèvre préside à treize Histoires Imaginaires aux couleurs changeantes et aux contours contrastés. A savourer encore et encore !
Composé par Gabriel Midon, le répertoire de l’album « Imaginary Stories » (Soprane Records/Absilone) transporte dans un univers propice à la rêverie et au dépaysement.
A la tête d’un groupe de jazz où alternent deux batteurs, le contrebassiste s’adjoint un quatuor de cordes qui contribue à créer un écrin sonore étrange et féérique. La qualité de l’écriture et la richesse des harmonisations contribuent pour beaucoup à la richesse des paysages musicaux.
Gabriel Midon
Après des études de piano jazz au conservatoire de Strasbourg auprès de Stephan Oliva, Gabriel Midon devient saxophoniste avant de se déterminer pour la contrebasse. En effet, c’est à Paris, après avoir rencontré les maîtres de l’instrument que sont Larry Grenadier, Joe Sanders et Hein Van De Geyn, que Gabriel Midon oriente sa carrière autour de la contrebasse.
Sideman apprécié, il a enregistré aux côtés de Faiz Lamouri, Gustave Reichert, Le collectif King Of Panda, Sam Tessier. Il a joué avec Saul Rubin, Julien Alour, Rick Margitza, Baptiste Herbin, Sylvain Beuf, Didier Lockwood, Denise King sur de nombreuses scènes prestigieuses de l’hexagone.
En 2017, il enregistre « Between Corridors » avec son propre quartet qui réunit autour de lui Romain Cuoq (saxophone), Clément Simon (piano) et Stéphane Adsuar (batterie). C’est ensuite lors d’une tournée au Yelewa Jazz Festival (Mayotte) avec Simon Martineau et Thomas Delor, qu’il décide d’écrire pour un plus grand format et intègre d’autres musiciens comme Edouard Monni (piano).
De ses études, Gabriel Midon a aussi hérité d’un goût certain pour la composition, ce dont témoigne d’ailleurs l’album « Imaginary Stories ».
Les musiciens
Autour de lui, Gabriel Midon a réuni un groupe de musiciens de jazz et un quatuor à cordes.
Le chant à l’articulation très précise de la chanteuse de jazz Elinoa se pare à l’occasion de mots dont la poésie sous-tend les contours de l’univers onirique du contrebassiste. Avec souplesse, le chant dialogue avec le jeu élégant du guitariste Simon Martineau, avec le volubile saxophone ténor de Pierre Bernier et avec le piano aux nombreuses nuances d’Édouard Monnin.
Deux batteurs se répartissent les interventions au fil du répertoire, le très expressif voire explosif Thomas Delor et Baptiste Castets tout entier au service des solistes. Leurs jeux différents constituent un atout supplémentaire qui élargit le nuancier rythmique du projet.
Le quatuor à corde regroupe les violonistes Antoine Delprat et Anne Darrieu, tous deux rompus à la pratique du jazz, l’altiste Maria Zaharia et la violoncelliste Louise Leverd.
Au fil des titres
En préambule, les cordes proposent Capoï !, un doux espace onirique. Sur L’Elm, la voix de charme conte une poésie, les circonvolutions mélancoliques du ténor vagabondent et soutenue par l’écrin sonore que dessinent les cordes, la guitare lumineuse se fait plus incisive.
Plus loin, la contrebasse au jeu souple et à la sonorité tellurique introduit la mélodie joyeuse de Song in super Fuschia que reprennent à l’unisson la guitare et les onomatopées vocales. Par leurs improvisations inspirées, la contrebasse et la guitare stimulent le propos de ce morceau joyeux. Avec Não Vi O Dia Da Lua advient alors un hommage au Brésil et à la musique d’Hermeto Pascoal. Un morceau tout en décalage rythmique qui rappelle les chorinhos des rues de Lapa. La voix aventureuse et le ténor vagabond s’en donnent à cœur joie sur les accords que martèle le piano. Le titre se termine sur un tempo de boléro tout en finesse, avec une magistrale intervention du piano.
Le répertoire continue avec deux volets du triptyque Poursuite où la batterie est tenue par Thomas Delor. Dans Poursuite N°4, le ténor traqué cède la parole au chant sinueux qui apaise le climat. Se succèdent alors des tableaux sonores étranges qui permettent au saxophone de s’apaiser avant de reprendre sa fuite effrénée, porté par la batterie au jeu dynamique, dans un climat étrange instauré par les cordes. Les deux parties de Poursuite N°2 ne sont pas sans évoquer la musique d’Olivier Messiaen. Après une belle synergie entre voix, saxophone et guitare le chant angélique traverse le tapis brumeux déroulé par les cordes. La guitare au son saturé renforce ensuite le climat énigmatique de cette plage aux harmonies complexes. Dans une ambiance parée d’ésotérisme, Soumission signe la fin de Poursuite N°2, avec les notes sombres de la contrebasse, le scintillement des cymbales et la frappe lancinante des mailloches sur les fûts.
Avec Halley Ne Passera Plus et Après Halley où Baptiste Castets pilote la batterie, on se trouve projeté dans l’espace où l’on croise la comète de Halley. Sur le premier titre joué sur un rythme à 5 et à 4 temps, la contrebasse se fait exaltée alors que le piano ardent et le ténor passent tels des météores. Sur le second morceau, le temps s’accélère. Stimulé par la contrebasse et la batterie, le saxophone volubile se livre à un véritable exercice de style en trio.
Avec Poursuite N°1 où la fuite continue plus calmement. Le ténor tente d’emprunter un chemin buissonnier mais il est rattrapé par le piano au jeu segmenté et par la voix captivante. Sur The Storytelling - Intro, le quatuor à cordes entame un voyage étrange et féerique qui se poursuit sur The Storytelling illuminé par la voix radieuse et le ténor resplendissant. Avec ce dernier morceau, l’album se termine dans une atmosphère évanescente et nostalgique.
Au final, « Imaginary Stories » propose un jazz acoustique contemporain où les musiciens de jazz et le quatuor à corde enrichissent les partitions d’habiles et riches improvisations. Ecrits par le leader et chantés par Elinoa, les textes poétiques voire philosophiques, ajoutent une dimension supplémentaire à la musique.
Du groove à gogo avec Dmitry Baevsky et « Roller Coaster »
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Titi Robin Quatuor présente « Le Sable et l’Écume »
Sur son nouvel album « Le Sable et l’Écume », Titi Robin présente un répertoire original composé pour Titi Robin Quatuor, sa nouvelle formation instrumentale. Un projet instrumental porté par les sublimes échanges de quatre musiciens hors pair. La musique s’inscrit dans une culture radicalement modale et polyrythmique. La prise de risque artistique est à la mesure de l’enjeu esthétique. Un projet modal, hors mode et radical.
Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988
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