Sa voix magnétique rend hommage à ses inspiratrices
La chanteuse et pianiste Kandace Springs revient avec « The Women who raised me », un album studio qui rend hommage aux voix des femmes qui l’ont inspirée. Avec élégance, elle reprend des standards chantés par douze grandes voix féminines. Entourée par d’illustres artistes de jazz, elle parcourt un voyage au fil d’un siècle de musique et projette sa voix magnétique dans l’espace jazz. Élégance et émotion sont au rendez-vous.
Avec la sortie de l’album « The Women who raised me », la chanteuse et pianiste Kandace Springs revient dans les territoires musicaux qu’elle explorait en 2016 sur son premier opus « Soul Eyes ». Son chant nimbé d’un voile délicat se promène avec élégance entre nostalgie et énergie.
Sur ce troisième album sorti chez Blue Note le 27 mars 2020, Kandace Springs explore douze titres interprétés à l’origine par des chanteuses qui l’ont inspirée. Douze chanteuses dont il ne fait aucun doute qu’elles ont le statut de Grandes Dames… Ella Fitzgerald, Roberta Flack, Astrud Gilberto, Lauryn Hill, Billie Holiday, Norah Jones, Diana Krall, Carmen McRae, Bonnie Raitt, Sade, Nina Simone et Dusty Springfield.
Retour en territoire jazz
« The Women who raised me » permet d’oublier « Indigo » (2018), ce mélange de pop et de R&B bien éloigné de la superbe ambiance de « Soul Eyes » (2016) qui se promenait entre une soul très cool et un chant jazzy nocturne. Ainsi, sur ce troisième album produit par Larry Klein, la chanteuse et pianiste Kandace Springs revient sur les terres du jazz où elle excelle.
Avec une grande sensibilité, elle interprète des thèmes devenus des standards sans jamais imiter celles qui les ont chantés avant elle.
A la tête d’un trio jazz composé de Steve Cardenas (guitare), Scott Colley (basse) et de Clarence Penn (batterie), Kandace Springs a invité d’autres illustres musiciens : la chanteuse Norah Jones, la flutiste Elena Pinderhughes, le contrebassiste Christian McBride, le trompettiste Avishai Cohen et les saxophonistes David Sanborn et Chris Potter.
Écouter « The Women who raised me » procure un plaisir infini. Avec une grande souplesse, le chant de Kandace Springs intègre toutes ses influences musicales et navigue avec bonheur entre soul et jazz. On tombe sous le charme de la voix à la fois intense et suave qui insuffle une énergie vitale à des chansons emblématiques devenues des standards universels.
Au fil des plages
En ouverture de l’album et avec le soutien du contrebassiste Christian McBride, Kandace Springs revitalise de sa voix chaleureuse Devil May Care, la composition de Bob Dorough (1956) qu’avait repris Diana Krall. L’album se poursuit avec Angel Eyes, une ballade écrite en 1946 par Matt Denis et interprétée en 1958 par Ella Fitzgerald. Avec son invitée Norah Jones, Kandace Springs en donne une version chaleureuse empreinte de profondeur. La tonalité gospellisante du titre lui confère un climat émotionnel intense. Un moment marquant de l’album.
Inspirée par la version que Nina Simone a donnée de I put a Spell on You en 1965, Kandace Springs pose sa voix implorante et soul à souhait sur ce titre qui intègre « Moonlight Sonata » de Beethoven. Le solo ardent de David Sanborn entraîne la musique dans une frénésie fiévreuse. Plus loin, c’est au Fender que la chanteuse rend hommage à Sade avec une version très personnelle de Pearls. Sa voix déchirante se conjugue à la sonorité stellaire presque lugubre de la trompette d’Avishai Cohen. L’émotion est intense.
C’est ensuite sur un tempo planant que Kandace Springs laisse planer sa voix émouvante qui reprend Ex-Factor qu’avait chanté Lauryn Hill en 1998. L’intervention de la flûtiste Elena Pinderhughes insuffle une grâce aérienne à cette reprise qui n’a rien à envier à la version originale de la star américaine de la soul. Le répertoire se poursuit avec I Can’t Make You Love Me à laquelle la trompette d’Avishai Cohen confère une dimension intimiste et précieuse qui magnifie cette chanson créée en 1991 par la chanteuse de blues Bonnie Raitt.
Plus loin, c’est une version de charme de Gentle Rain, la bossa nova composée en 1965 par Luiz Bonfá et chantée la même année par Astrud Gilberto, que délivre la chanteuse. Sur un balanço tout en retenue la voix converse avec le magistral ténor de Chris Potter. Inspirée par la version de Carmen McRae, la chanteuse reprend ensuite Solitude. La voix souple de la pianiste et chanteuse dialogue avec le ténor somptueux de Chris Potter. Des frémissements de tendresse et de nostalgie parcourent cette version dépouillée de la célèbre composition de Duke Ellington.
Il n’est pas étonnant que Kandace Springs reprenne The Nearness of You car sa passion pour la musique remonte à l’écoute du premier album de Norah Jones, « Come Away With Me » que lui avait offert un ami de son père en 2002. Elle était alors tombée sous le charme du titre The Nearness of You qui est devenu en quelque sorte un repère marquant de sa personnalité musicale. Soutenue par les notes élégantes de son piano, sa voix suave embellit cette ballade écrite par Hoagy Carmichael en 1938.
Composé par Michel Legrand pour la bande originale du film The Happy Ending (1969), What are you doing the rest of your life est devenu un standard repris par de nombreux artistes. C’est la version de Dusty Springfield qui inspire celle Kandace Springs. C’est avec subtilité que son piano harmonise la mélodie pendant que sa voix passionnée et puissante sublime le titre. Plus loin, derrière son Fender Rhodes, la chanteuse enflamme la chanson de Charles Fox, Killing me softly with his song, sur laquelle elle déploie son chant en écho à la version de 1973 de Roberta Flack. Portées par le groupe tout entier, la fute aérienne d’Elena Pinderhughes et la voix moelleuse de Kandace Springs s’envolent jusqu’aux cimes de l’extase.
L’album se termine avec une sublime version du fameux Strange Fruit immortalisé par Billie Holiday. Seule avec son Fender Rhodes, Kandace Springs donne une version poignante de ce chant emblématique du combat politique des citoyens afro-américains pour l’égalité. Au dessus des nappes flottantes du clavier, la voix saisit par sa force émotionnelle.
Pour son troisième album chez Blue Note, Kandace Springs signe une réussite absolue. Entourée par d’illustres artistes du jazz nord-américain, la chanteuse et pianiste rend sur « The women who raised me », un hommage enchanteur aux voix féminines de son panthéon.
Du groove à gogo avec Dmitry Baevsky et « Roller Coaster »
Pour son onzième album, « Roller Coaster », le saxophoniste Dmitry Baevsky revient avec à ses côtés, le guitariste Peter Bernstein. Une fois de plus, le talent de l’altiste éclate avec insolence. A la fois lyrique et sensible, mélodique et virtuose, son jazz impressionne et séduit. Que du bonheur !
Titi Robin Quatuor présente « Le Sable et l’Écume »
Sur son nouvel album « Le Sable et l’Écume », Titi Robin présente un répertoire original composé pour Titi Robin Quatuor, sa nouvelle formation instrumentale. Un projet instrumental porté par les sublimes échanges de quatre musiciens hors pair. La musique s’inscrit dans une culture radicalement modale et polyrythmique. La prise de risque artistique est à la mesure de l’enjeu esthétique. Un projet modal, hors mode et radical.
Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988
Le label Storyville Records prévoit la sortie d’un double-album inédit de Michel Petrucciani, « Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988 ». Annoncé pour le 15 novembre 2024, cet opus inédit permet d’écouter le pianiste entouré de Gary Peacock et de Roy Haynes. Du jazz intemporel qui allie lyrisme, sensibilité et virtuosité.