Un opus élégant et soigné
Avec « Toku In Paris, », le trompettiste et chanteur japonais Toku présente son nouveau projet enregistré en Europe. Entouré de six musiciens chevronnés, il invite la chanteuse, parolière et compositrice Sarah Lancman. L’oreille se laisse entraîner avec bonheur à leur suite dans une promenade poétique sur des routes où se croisent amour et jazz. Un opus soigné dont l’élégance sereine se double de charme et de sensibilité.
Avec douze albums à son actif en tant que leader, le trompettiste chanteur et compositeur japonais Toku publie « Toku In Paris », son premier album européen.
Sorti le 24 janvier 2020 en partenariat entre Sony Japan et le label Jazz Eleven fondé par Giovanni Mirabassi et Sarah Lancman, l’opus déroule un répertoire de huit compositions originales du leader auxquelles s’ajoutent deux autres titres de Sarah Lancman et une reprise de Michel Legrand.
Avec une équipe de six musiciens parmi les meilleurs des scènes jazz européennes, Toku propose un album personnel où chaque morceau dessine un univers qui lui appartient en propre et participe à la cohérence d’un répertoire de onze titres construit avec soin, comme celui d’un concert.
Toku
Né dans la préfecture de Niigata au Japon, Toku a grandi en écoutant toutes sortes de musiques. Après le cornet, il apprend la trompette et le cor. Au lycée, il intègre un groupe qui reprend des titres de pop et de rock. Il découvre ensuite le jazz et déménage aux Etats-Unis où il apprend l’anglais et pratique le jazz avec son colocataire qui s’avère être pianiste de jazz. C’est là en quelque sorte que débute sa carrière de jazzman !
En effet il est ensuite repéré par le DJ Rob Crocker à la suite de quoi il signera “Everything She Said”, son premier album chez Sony Music Records Inc. en janvier 2000 et en août de la même année il débute au Blue Note de Tokyo puis au New Millenium Hall de l’Université de Séoul (Corée du Sud). Les albums vont ensuite se succéder à commencer par Bewitching (2001) puis Chemistry of Love (2002) où il commence à chanter. Avec You are so beautiful qu’il interprète pour une publicité télé Hitachi et le single Do-Re-Mi pour la campagne publicitaire Odyssey de Honda, il acquiert plus de notoriété. Plus tard, les albums se succèdent jusqu’à ”Toku Sings and Plays Stevie Wonder ~a jazz tribute from Atlanta” (2011), ”Dear, Mr Sinatra” (2015) et « Shake », son douzième album en 2017.
Sa carrière l’a vu collaborer avec Cindy Lauper et avec de grands jazzmen tels que Kenny Baron, Ron Carter, Chris Cheek, Lew Soloff ou Philippe Catherine. Entre tradition et modernité, Toku mène sa carrière d’instrumentiste et chanteur influencé par la musique de jazz et celle de son pays. Il a aussi récemment participé à l’album de la chanteuse Sarah Lancman, « A contretemps » sorti en 2018.
C’est entouré d’une équipe de jazzmen expérimentés qu’il enregistre l’album « Toku In Paris » (Jazz Eleven) en juillet 2019 à Paris.
« Toku In Paris »
L’album s’articule autour d’un répertoire original de onze titres composés en majorité par Toku, avec deux pièces créditées (paroles et musique) à Sarah Lancman et la reprise de Je ne pourrais jamais vivre sans toi composé par Michel Legrand pour le film de Jacques Demy « Les Parapluies de Cherbourg ».
Toku s’entoure d’un groupe d’émérites jazzmen parmi lesquels Giovanni Mirabassi au piano et Pierrick Pedron au saxophone alto sur cinq titres. La batterie est partagée entre André Ceccarelli et Lukmil Perez et la contrebasse entre Thomas Bramerie et Laurent Vernerey. Le leader invite Sarah Lancman qui le rejoint pour un duo vibrant
La voix du chanteur évoque quelques familiarités avec celle de Kurt Elling au niveau du registre et du grain chaleureux.
Le baryton crooner à la voix sensuelle et profonde développe sur trompette et bugle, un jeu doté d’une force sereine tempérée d’une douceur féline. Avec ses complices il élabore un album que n’entache aucun étalage virtuose. Les interventions soignées et maîtrisées de tous les intervenants contribuent à faire de « Toku In Paris » un voyage musical aux vibrations dynamiques et aux accents élégants.
L’amour au fil des titres
En ouverture, Toku pose sa voix de crooner sur Love is Calling you. La section rythmique réactive et incisive soutient un tempo assez vif sur lequel l’alto pétillant et la trompette mordante voltigent.
Deux thèmes dont Sarah Lancman a écrit les paroles et composé la musique évoquent ensuite le retour et le départ de l’aimée(e). She Comes back Again, sur un tempo de valse, fête le retour de celle qu’on aime, avec un bugle élégant et raffiné et un piano vitaminé. Au rythme d’une ballade, After You, murmure la tristesse de la solitude après le départ de l’être chéri… notes perlées du bugle, piano evansien.
Dédié à Horace Silver, Strollin’ in Paris recèle (peut-être) un double clin d’œil, le premier à Chet Baker qui a enregistré l’album intitulé « Strollin »’ (1986), du nom de la composition du pianiste et le second à celle de John Lewis, Afternoon in Paris. Le morceau de Toku fait résonner des réminiscences West Coast et invite à déambuler dans les rues de Paris ou sur la Seine. Plus tard, l’énergie d’un chorus de l’alto sous influence bop apaise la mélodie soul que la voix chagrinée pose sur I Think Love You et son motif de basse réitératif.
Place ensuite à deux thèmes composés par le leader, deux instrumentaux de belle facture. Sur Nuageux joué en quartet, les balais d’André Ceccarelli dessinent des arabesques et le bugle brumeux à souhait instaure l’atmosphère voluptueuse d’un songe à la tonalité mélancolique que renforcent les arpèges aériens et les notes vagabondes du piano romantique. Dès l’ouverture, exposé à l’unisson par trompette et alto, Be Careful émarge dans l’esthétique hard bop. La trompette caracole puis l’alto au son tranchant ébouriffe les notes puis passe le relai à un piano enthousiaste et à une impro courte mais étincelante de la batterie. Par son titre, le morceau annonce le piège qu’il recèle lorsque le tempo en 4/4 accueille une mesure en 3/4, avec le risque que cela représente de plantage… mais avec de tels experts, aucun danger, tout se déroule sans anicroche malgré le rythme trépidant adopté par les instrumentistes.
Advient alors la reprise sobre et inspirée du superbe titre, I Will Wait For You (Je ne pourrais jamais vivre sans toi) de Michel Legrand. Le piano ouvre l’espace au bugle chaleureux avant que le duo Sarah Lancman/Toku ne vibre ensuite de tendresse. Douce voix de velours de la chanteuse et baryton au léger vibrato… le moment se savoure !
Sur un tempo de boléro, l’amour habite ensuite Still In Love With You, que Lukmil Perez pilote d’un groove souple et félin, avec la complicité efficace et discrète de Thomas Bramerie. Le miel vocal et les étoiles célestes soufflées via le pavillon de l’instrument invitent au rêve. L’atmosphère se fait encore plus intime sur Blue Smoke, une ballade épurée où la voix chaude et sensible du chanteur dialogue avec le piano romantique.
Construit comme celui d’un concert, le répertoire de l’album se termine par une pièce instrumentale qui rallie le quintet pour le bien nommé Closing à la couleur funky soul. Chorus flamboyant de l’alto, solo attendri de la trompette, chorus incisif du piano. Les contrechants de la trompette et l’accompagnement churchy du piano contribuent au climat nostalgique de ce dernier titre qui donne envie de faire de nouveau tourner l’album sur la platine pour mieux s’en imprégner.
Pour s’immerger dans le monde de « Toku In Paris », plusieurs dates se profilent. En effet Toku part à la conquête de la France et de l’Europe qui ne devraient guère résister à son charme. RV avec Toku European All Stars qui réunit Toku (voix, trompette), Pierrick Piedron (saxophone alto), Giovanni Mirabassi (piano), Laurent Vernerey (contrebasse) et André Ceccarelli (batterie), le 12 février 2020 au Jazz Club d’Annecy et le 13 février 2020 à Luynes au Club Jazz Fola. Pour le concert de sortie d’album à la Maison de la Culture du Japon, à Paris, le 15 février 2020, le quintet est rejoint par Sarah Lancman sur les deux sets de 16h30 et 20h. ICI pour d’autres dates.
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