Entre éthers rêveurs et aventures échevelées
Formation résidente du club de jazz mâconnais dont il porte le nom, le Quartet Crescent annonce pour 2020 la sortie de son premier album au titre éponyme. Ancré dans la tradition du jazz, « Quartet Crescent » cartographie un univers singulier qui ne cesse de se renouveler. Entre éthers rêveurs et aventures échevelées, la musique dessine les routes de voyages oniriques dont les frontières entrouvrent des fenêtres sur des paysages aux couleurs changeantes.
Quoi de plus naturel, la sortie officielle de « Quartet Crescent » (Crescent/INOUÏE DISTRIBUTION) est prévue le 21 février 2020 lors d’un concert au Crescent, à Mâcon. Dès la première écoute, l’album du Quartet Crescent laisse percevoir l’osmose qui règne entre les quatre musiciens résidents du Crescent.
Rien d’étonnant à cela puisque le saxophoniste et co-fondateur du Crescent, Eric Prost, le pianiste Romain Nassini, le bassiste Greg Théveniau et le batteur Stéphane Foucher croisent les notes depuis fort longtemps dans ce club dont ils sont devenus les ambassadeurs.
« Quartet Crescent » propose des compositions originales. Construites comme des suites musicales, elles évoluent entre climats post-hard-bop et atmosphères oniriques, énergiques incantations et vaporeuses ballades. Entre les quatre complices l’énergie circule avec souplesse et leurs interactions empreintes de liberté sont servies par une maîtrise technique jamais affichée mais toujours au service de la sensibilité et de la précision.
Une musique singulière
Vigoureuse et sensible, énergique et onirique, lyrique et éthérée, la musique de « Quartet Crescent » concilie les univers des quatre musiciens résidents du Crescent. Entièrement composée par les membres du groupe, elle interpelle par ses contrastes, ses mélodies, ses tendresses et ses véhémences, ses itinérances tranquilles et ses urgences fébriles. Avec souplesse, elle circule entre les quatre musiciens sans jamais se perdre ni se répéter. Volubile et gorgée d’énergie, elle sait aussi tracer de douces lignes mélodiques pourvoyeuses de rêveries nuageuses.
Au fil des plages
Captivé par les accents de la mélodie incantatoire de Back Home, on vibre sans retenue à l’écoute du chorus effervescent du saxophone ténor et du solo flamboyant du piano soutenu par la rythmique ardente de la batterie éloquente.
On savoure ensuite avec bonheur et sans se lasser les presque treize minutes de L’Aurel:Pas. Après la mélancolie lumineuse du chorus de basse, piano et saxophone ténor instaurent un climat apaisé. On se laisse alors captiver par le solo pictural de batterie qui annonce le deuxième mouvement de la pièce. On accroche ensuite à la thématique musicale réitérative tendue qui sert de tremplin aux envolées lyriques et échevelées du saxophone soutenues par le jeu énergique de la batterie.
Débuté par une sorte de complainte méditative jouée par le ténor au souffle éthéré, Corto déroule ensuite des univers musicaux contrastés qui ne cessent de surprendre. Après les confidences du saxophone, la basse déroule un motif répétitif sur lequel la batterie construit un chorus exalté qui ouvre l’espace au bouillonnant piano et au véhément ténor.
Après ce dépaysant voyage, la basse ouvre seule Masque, une déambulation bucolique sensible. Après l’entrée des trois autres instruments, la ballade évoque une sorte de procession musicale. Touché par la sonorité chaleureuse et gorgée d’émotion du ténor, on est aussi saisi par l’osmose quasi parfaite qui unit les quatre musiciens.
« Quartet Crescent » parvient à faire coexister avec bonheur climats intenses, nuances méditatives, ambiances poétiques et tensions exaltées. Un album à découvrir et à partager largement !
« Martial Solal : une vie à l’improviste » par Vincent Sorel
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