Étoiles sensibles et ardentes comètes
Deux ans après « Short Trip », Vincent Bourgeyx revient avec « Cosmic Dream ». Toujours entouré du contrebassiste Matt Penman et du batteur Obed Calvaire, le pianiste a aussi convié le saxophoniste ténor David Prez à le rejoindre sur plusieurs pistes. Étoiles d’expression sensible et comètes d’effets ardents illuminent le ciel de ces plaisantes rêveries cosmiques.
Après la réussite de « Short Trip » (Fresh Sound Record/Socadisc) sorti en février 2017, le pianiste Vincent Bourgeyx invite de nouveau à ses côtés les musiciens américains Matt Penman (contrebasse) et Obed Calvaire (batterie) pour soutenir son nouveau projet, « Cosmic Dream » (Paris Jazz Underground/L’autre Distribution).
Il aurait même pu intituler son album Dream Team puisqu’il rappelle aussi le ténor David Prez. Dans la même dynamique, le leader reconduit les services de Julien Bassères qui a enregistré les quinze plages de l’album les 21 et 22 septembre 2017 puis réalisé mixage et mastérisation au Studio de Meudon. Seule Sarah Lazarus manque à l’appel.
Harmonieux équilibre
Au fil des quinze titres du répertoire composé en grande partie de compositions du pianiste, Vincent Bourgeyx intercale quatre standards d’anthologie. Trois superbes ballades, I Fall In Love Too Easily (Jule Styne), Lush Life (Billy Strayhorn ) et Peace (Horace Silver) et une version originale de la composition de Cole Porter, I Love Paris.
Construit avec harmonie, « Cosmic Dream » balance entre des morceaux poétiques et sensibles et d’autres titres dynamiques et enfiévrés. L’album fait alterner six pistes enregistrées en trio et huit titres en quartet et, pour comble de plaisir, l’opus inscrit un superbe solo de piano en guise de dernière plage.
Complicité et symbiose
On perçoit la grande connivence qui existe entre la section rythmique et le piano dont les interactions et l’entente sont perceptibles à chaque instant. Ainsi sur Too Much Love la virtuosité du pianiste est mise en valeur par le souple accompagnement de la batterie et de la contrebasse. Empreint d’une sérénité tout à fait contrôlée, Eternal Beginning permet de capter la qualité de l’écoute et de la réactivité qui relient contrebasse et piano.
Climats et contrastes
Sur certains thèmes, le quartet fait surgir des ambiances démarquées du reste de la production. Étrangeté de Dong où la contrebasse chante la mélancolie et le ténor dessine des traces impressionnistes. It’s A Girl est quant à lui imprégné d’une atmosphère bucolique qu’impulsent un piano enthousiaste et un ténor chaleureux
Plus volubile et contrasté, le titre Nervous Yoyo croise les orbites du saxophone éloquent et du piano lyrique. Sur un motif repris en boucle sur le clavier, le ténor tisse une mélopée puis, porté par l’énergique section rythmique, il fait régner sur One for The Trouds un climat de tension qu’il porte au paroxysme.
Exubérance et fougue
D’autres morceaux font exploser flammes et turbulences. Sur un tempo funky, le trio propose une version effervescente du thème I Love Paris qui se trouve irradié d’une superbe lumière soul. Par ailleurs, sur Lost Garden, la véhémence bouillonnante du ténor, les relances du piano et l’énergie exponentielle de la batterie ne sont pas sans rappeler l’univers musical tendu de Wayne Shorter et Herbie Hancock.
On ressort essoufflé de la séquence des deux Nowhere. Après l’exalté Middle Of Nowhere où l’impétueux ténor et la section rythmique turbulente se tirent la bourre, End of Nowhere doit beaucoup de son incandescence à l’expression sur-vitaminée du ténor .
Élégance et raffinement
On est touché dès l’ouverture de l’album par la mélodie sensible du morceau Antoine’s Song joué en quartet. Le titre est illuminé par le chorus du pianiste et l’intervention du ténor enchanteur. Dans la même esthétique, l’album se termine avec une reprise de Peace que le pianiste interprète en solo. Avec sérénité il revitalise l’esprit de la composition sans la trahir.
Sur les belles harmonies evansiennes de Cosmic Dream for Blue Shoes, le trio déploie ensuite un swing teinté de lyrisme. Piano, contrebasse et batterie réinterprètent avec légèreté et finesse, deux superbes versions de standards.
Lush Life sur lequel le piano développe des harmonies audacieuses et resplendissantes et aussi la ballade I Fall in Love Too Easily à laquelle revient sans doute la palme de la délicatesse. Sur un tempo étiré en suspension par la section rythmique caressante, le piano excelle de subtilité.
Les superbes images de Gildas Boscle (contrebassiste) permettent d’en apprécier toute la sensibilité…
Pour la sortie de l’album “Cosmic Dream”, le pianiste Vincent Bourgeyx se produit à Paris les 07 & 08 juin 2019 à 21h au Sunside. Pour ces deux concerts il sera entouré de David Prez (saxophone ténor), Darryl Hall (contrebasse) et Jeff Ballard (batterie).
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