De Art Blakey à Tony Allen via Blue Note
Le batteur Tony Allen annonce la sortie chez Blue Note d’un EP de quatre titres avant la parution prochaine de son premier album sur le label mythique annoncé pour septembre 2017. « A Tribute to Art Blakey And The Jazz Messengers » rend hommage au batteur de jazz américain Art Blakey, influence majeure de Tony Allen.
En attendant la sortie de son album attendu pour l’automne, Tony Allen annonce la parution d’un EP de quatre titres produit par Vincent Taurelle, « A Tribute to Art Blakey And The Jazz Messengers » (Blue Note/Universal) disponible dès le 19 mai 2017.
Moanin, A Night In Tunisia, Politely et Drum Thunder Suite. Quatre standards des « Jazz Messengers » rejoués à travers le prisme de l’afrobeat.
Le style de Tony Allen tient autant des influences nigérianes et africaines que de celles des boppers rythmiciens que furent Kenny Clarke, Max Roach et Art Blakey. Surnommé « Bihaina » en Afrique où il a longtemps séjourné, le batteur Art Blakey (1919-1990) est cité comme le plus africain des batteurs américains de jazz. Il est aussi identifié comme l’un des pères du be-bop à la batterie, au même titre que Kenny Clarke et Max Roach.
Quand Tony Allen a entendu Art Blakey la première fois à Lagos dans les années 1960, il s’est imaginé écouter plusieurs percussionnistes jouant ensemble. Lorsqu’il réalise qu’un seul homme produit cela sur un seul et même instrument, il conçoit d’aborder son instrument de la même manière, comme un orchestre. Il déclare d’ailleurs : « je m’engage dans la batterie comme dans un orchestre, j’essaye de rendre mon jeu orchestral ».
Tony Allen pratique « l’articulation/désarticulation des éléments de la batterie, insiste sur la charley et la cymbale ride permettant de lâcher les coups sur les autres tambours ».
D’origines nigériane et ghanéenne, le batteur Tony Allen est né à Lagos le 12 août 1940. Il débute son instrument à dix-huit ans tout en travaillant comme technicien radio. En 1964, Tony Allen commence à jouer avec Fela Anikulapo Kuti. Du jazz, ils vont évoluer vers leur propre style, l’afrobeat, invention parachevée lors de leur tournée américaine de 1969, aux côtés de musiciens afro-américains, à cette époque houleuse de l’après-assassinat de Martin Luther King.
Tony Allen fut le batteur de Fela Kuti mais aussi son directeur artistique. D’ailleurs Fela lui-même a affirmé: « Sans Tony Allen il n’y aurait pas d’afrobeat ». Avec Fela Kuti & Africa 70, Tony Allen participe aux enregistrements majeurs du groupe tels que « Jealousy Progress » (1978), « No Accomodation for Lagos » (1978) ou « No Discrimination » (1978). 36 albums à leur crédit.
En 1979 Tony Allen rompt avec le chanteur et rejoint l’Europe pour tracer sa propre voie. Il travaille avec de nombreux musiciens notamment avec Ray Lema et Roy Ayers, le « Never Expect Power Always » et surtout Manu Dibango sur l’album « Wakafrika » en 1994. Avec son propre album « Black Voices » Tony Allen réalise en 2000 la fusion entre afrobeat, rock, funk et hip-hop. En 2003 il sort l’album « Home Cooking », alliant pureté du style et des mélopées traditionnelles avec dub, funk et sonorités électroniques puis « Unsung Heroes » et « Soul II Soul ».
Après un « Tony Allen Live » en 2004, le batteur retourne à ses racines en enregistrant, dans son pays natal, le disque « Lagos No Shaking » en 2006. En 2007, Tony Allen et son nouveau groupe dénommé ‘The Good, The Bad and The Queen’ rend hommage au chanteur Bono, activiste investi dans des missions humanitaires africaines, sur l’album « In The Name of Love : Africa Celebrates U2 » (2008).
Depuis plusieurs années Tony Allen tente de nombreuses expériences (techno, électro). En 2012, le maître de l’afrobeat participe à « Rocket Juice & the Moon », avec le bassiste Flea (du groupe ‘Red Hot Chili Peppers’) et Erykah Badu. Damon Albarn, l’ex-chanteur de Blur est également présent sur le titre Go Back, extrait du dixième album solo de Tony Allen, « Film of Life », paru en octobre 2014 et produit par le groupe français les « Jazzbastards » (Ludovic Bruni, Vincent Taeger et Vincent Taurelle) chez Jazz Village.
On peut dire aujourd’hui que le batteur connaît une seconde jeunesse à Paris et en France. On se souvient avoir écouté un concert donné par Tony Allen en « Hommage à Art Blakey » le 11 mars 2016 dans le cadre du festival A Vaulx Jazz.
En 2017, en enregistrant le répertoire d’Art Blakey, Tony Allen, le batteur inventeur de l’Afrobeat se fait plaisir et rend hommage à l’une de ses sources d’inspiration, Art Blakey, le batteur inventeur du hard bop. On se rappelle qu’Art Blakey enregistrait en son temps sur le label historique Blue Note. Ainsi avec « A Tribute to Art Blakey And The Jazz Messengers », le nouveau projet de Tony Allen gravé sur Blue Note, la boucle est bouclée. Blue Note relie donc ces deux batteurs essentiels.
On découvre le premier single de l’EP « A Tribute to Art Blakey And The Jazz Messengers » qui permet d’écouter la version que Tony Allen donne de Moanin’, la composition du pianiste Bobby Timmons.
Rendez-vous prochainement pour retrouver Tony Allen et la sortie de l’album complet « A Tribute to Art Blakey And The Jazz Messengers » attendu pour la rentrée d’automne chez Blue Note.
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