Une carte postale musicale et poétique de Paris
Loin des rivages méditerranéens, Renaud Garcia-Fons déambule dans Paris. Son dernier album, « La vie devant soi » célèbre la cité cosmopolite aux ambiances contrastées. Entre nostalgie et jubilation, mélodies et rythmes sculptent la musique de la vie.
Avec son nouvel album « La vie devant soi », le contrebassiste Renaud Garcia-Fons prend de la distance avec ses opus précédents. Il s’éloigne de ses racines catalanes et de ces mondes qu’il a explorés avec tant de brio, l’Espagne, la Méditerranée, l’Inde, l’Orient, l’Afrique… Il vient arpenter le pavé de la cité parisienne. Un beau prétexte pour dresser le portrait de son Paris imaginaire, entre hier et aujourd’hui. Un Paris universel où les musiques comme la vie sont faites de rencontres… d’où le clin d’oeil au titre du livre d’Ajar/Gary.
Né au pied de la Butte Montmartre, Renaud Garcia-Fons conduit sa musique dans les climats qui alimentent sa créativité. Dans son écriture, affleurent toutes les musiques qui ont fait Paris, toutes celles qui ont croisé sa vie. Si Debussy, Ravel et Satie alimentent un Paris poétique et rêveur, les chansons d’après-guerre et la musette contribuent à évoquer un Paris nostalgique et gouailleur..
Pour ce nouveau projet, Renaud Garcia-Fons s’entoure de deux complices rompus comme lui à tous les styles. Virtuose autant que poète, l’accordéoniste David Venitucci est un coloriste d’ambiance. Poète subtil et sensible, il maîtrise l’improvisation et tous les registres de son instrument. Le multi-instrumentiste Stephan Caracci passe quant à lui avec aisance du vibraphone à la batterie sur laquelle il utilise uniquement les balais. Son jeu nuancé se prête à tous les contrastes. L’ouverture d’esprit des deux instrumentistes leur permet d’intégrer le nouveau monde musical du contrebassiste.
Décidément toujours inspiré, Renaud Garcia-Fons joue des cinq cordes de son instrument avec autant de virtuosité que de sensibilité. Dans « La vie devant soi », ses compositions sont autant de clins d’oeil à ces grandes figures qui ont fondé le Paris artistique, Prévert, Doisneau, Sempé, Goscinny, Michel Simon, Georges Brassens. Tout au long des onze plages de l’album, on arpente avec lui le pavé de la cité parisienne. Écouter le disque c’est un peu comme assister à la projection d’un film dont les scènes content les paysages, les habitants et la vie d’un Paris plein d’émotions et de mouvements.
Avec Monsieur Taxi et dans Les rues vagabondes, on déambule dans le Paris trépidant d’aujourd’hui dont on sent battre le cœur. Porté par la musique, on gravit Montmartre en courant jusqu’à l’essoufflement. On ne sait plus qui a crié Je prendrai le métro ! mais pour attraper les rames dont les musiciens nous font entendre le ballet incessant, on s’engouffre ensuite dans les escaliers et couloirs du métro au plus vite.
Ressorti à l’air libre, on se promène Le long de la Seine et de ses quais comme aspiré par une nostalgie lascive. Le vibraphone dessine les dernières gouttes d’une averse de printemps et l’on ressent le désir de sortir dans les ruelles et d’explorer les parcs Après la pluie.
La vie devant soi résonne des accents d’une contrebasse qui se promène sur les terres méditerranéennes de Momo et de de Madame Rosa (les héros du roman éponyme d’Emile Ajar/Romain Gary). Comme le livre, la trame narrative de ce thème hésite entre nostalgie et espoir, entre valse et mélopée bluesy.
Ensuite, comme dans un film en noir et blanc, la musique projette aussi une vision d’antan, Les écoliers qui sortent en courant des salles de classe pour traverser la cour de récréation et dévalent en bandes dans les rues où ils flânent en sautillant.
L’album se termine avec une magnifique complainte, Elégie de Novembre. Empreints d’une gravité recueillie, les trois instruments unissent leurs chants d’où émerge le souvenir d’un certain mois de novembre … en 2015. L’émotion affleure mais un trait d’espoir s’élève et conclut le thème, comme si, après le pire, la vie reprenait le dessus. La boucle est bouclée… et s’ouvre La vie devant soi.
« La vie devant soi ». Une musique chambriste à l’accent parisien. L’album conjugue un groove enjoué et jubilatoire avec des atmosphères nostalgiques et poétiques. La partition célèbre les différences et les réunit pour colorer une carte postale Paris musical aux accents universels.
Renaud Garcia Fons présentera le projet « La vie devant soi » en trio le 14 mars à 20h à l’Européen, à Paris. Pour en savoir plus sur l’artiste et découvrir l’ensemble des dates de concerts de ce répertoire (et pourquoi pas les autres projets aussi), une visite sur le site de Renaud Garcia-Fons s’impose.
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