« Take Me to the Alley », le nouvel opus de Gregory Porter
En 2016 Gregory Porter revient avec « Take Me to the Alley », un album qui met une nouvelle fois en évidence son talent inné pour transcender les genres, blues, soul, gospel, jazz. La voix de baryton du chanteur résonne sur douze nouveaux titres.
Après « Water » (2010) et « Be good » (2012) et le succès phénoménal de « Liquid Spirit », son premier disque sur Blue Note en 2013, Gregory Porter est retourné en studio à New-York pour réaliser « Take me to The Alley » (Blue Note/Universal), toujours avec le soutien de son fidèle producteur Kamau Kenyatta. Il a enregistré avec le noyau dur de son groupe, le pianiste et directeur musical Chip Crawford, le bassiste Aaron James, le batteur Emmanuel Harrold, le saxophoniste alto Yosuke Sato et le saxophoniste ténor Tivon Pennicott. Le disque bénéficie également des participations de la chanteuse Alicia Olatuja, du trompettiste Keyon Harrold et de l’organiste Ondrel Pivec.
Douze nouveaux titres baignés du timbre chaud et sensuel de ce chanteur. Sur plusieurs morceaux il dit son engagement personnel. Le disque ouvre avec « Holding On », un morceau qu’il a déjà enregistré avec « Disclosure », le groupe d’électro britannique. Cette version, loin des climats imprégnés de la culture DJ, sonne de manière plus sereine et aérée. Le solo de trompette est redoutablement efficace.
Le titre éponyme, « Take me to the Alley », au climat très apaisant a été écrit lors de la visite du Pape François à New York, Gregory Porter évoque l’aide que sa mère avait l’habitude d’apporter aux nécessiteux et nous invite à accorder notre attention aux personnes qui en ont le plus besoin. Alicia Olatuja y assure les chœurs. C’est encore sa mère que le chanteur évoque dans « More Than a Woman« , une ballade émouvante où l’artiste rend hommage à Ruth Porter (sa mère) et la remercie pour l’amour et le soutien qu’elle n’a cessé de lui apporter tout au long de sa vie. Écoutons quelques accents de ce titre :
Vient ensuite d’une chanson débordante d’optimisme, « In Heaven » écrite par sa cousine Darlene Andrews et chantée par famille Porter lorsqu’un de ses membres vient de disparaître.
Sur l’album, le chanteur a aussi écrit deux chansons en pensant à Demyan, son fils âgé de trois ans. Sur « Day Dream », il évoque les trésors d’imagination que l’enfant déploie lorsqu’il joue. L’accompagnement subtil du pianiste est remarquable. Le second titre écrit par Gregory Porter pour son fils s’intitule « Don’t Lose Your Steam ». Bluesy en diable, le titre est porté tant par la voix du chanteur que par le groove inaltérable de l’orgue.
Les convictions politiques et sociales de l’artiste affleurent dans plusieurs morceaux de l’album, outre le titre éponyme déjà évoqué plus haut. Sur « Fan the Flames », un rythme hard-bop tonique, le chanteur nous engage à lutter contre les injustices et à protester tout en demeurant pacifique. C’est ensuite un regard vers ses racines que porte Gregory Porter avec « French African Queen » au groove déchaîné.
Dans « Insanity » Gregory Porter adresse une prière à une femme aimée, pour qu’elle ne l’abandonne pas. Et bien sûr arrive la passion amoureuse et ses déboires avec « Consequence of Love », une ballade sensuelle où le chanteur évoque, avec le renfort de la voix d’Alicia Olatuja et de l’orgue, le caractère irrationnel et puissant du sentiment amoureux. Décidément l’amour, toujours … avec la lamentation teintée de bleu d’un saxophone qui pleure. Sans doute ces accents mélancoliques sont-ils un peu convenus, mais il est parfois difficile de résister à de telles complaintes.
Le titre « In Fashion » est un peu en rupture avec l’ensemble du disque avec piano et batterie qui occupent les avant-postes. Cette chanson s’adresse aux « victimes de la mode ». Que ceux qui se sentent visés … écoutent !
Avec cet album Gregory Porter se veut le porte-voix de notre époque tout en faisant preuve de la plus grande fidélité à l’égard de la tradition jazz et soul. Peut-être un tantinet plus posé que les précédents albums, « Take me to the Alley » laissera-t-il les amateurs de groove déchaîné un peu sur la réserve mais à tous les coups ils aimeront la teinte soul-bluesy beaucoup plus prégnante dans cet opus. Pour ceux qui veulent en savoir plus cet artiste, rien de mieux qu’un petit clic vers le site de l’artiste.
Immersion à prévoir dans le monde musical de Gregory Porter lors de la soirée du 11 juillet sur la scène du Théâtre Antique de Vienne puisque le chanteur se produira, dans le cadre du « Festival Jazz à Vienne ». Nul doute que le chanteur saura encore une fois rallier tous les publics pour cette première partie d’une soirée prometteuse qui célèbre le 75ème anniversaire de Chick Corea.
Titi Robin Quatuor présente « Le Sable et l’Écume »
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